Comme une vieille dame très fragile
L’été, elle peut encore faire illusion. Les rayons de soleil l’embellissent. Les couleurs des fleurs sont autant de parures. La chaleur emplit ses murs, son intérieur est agréable et frais. Toute personne dotée d’un brin d’imagination peut considérer qu’elle a encore de beaux jours devant elle.
Mais lorsque l’hiver arrive, chaque goutte de pluie vient détruire ce fragile équilibre. Et que dire des averses de grêle et du vent ? Le toit semble prêt à s’effondrer. Des tuiles glissent, l’eau s’infiltre inéluctablement, met à mal la charpente, dégouline sur les murs… Impossible désormais d’ouvrir les fenêtres et certaines portes gorgées d’eau.
Elle est maintenant défigurée par un étai posé sur sa plus jolie façade.
Elle ressemble à une très vieille dame qui ne se déplace plus sans sa canne.
Alors une révision partielle du PLU, oui… mais QUAND ?
Le temps presse.
Guy de Maupassant exprime avec talent ces mêmes préoccupations dans la première strophe de son poème La dernière escapade, consacré à un vieux château.
U |
Les marches du perron tremblent, et l’herbe pousse,
S’élançant longue et droite aux fentes des pavés
Que le temps a verdis d’une lèpre de mousse.
Sur les côtés deux tours. L’une, en chapeau pointu,
S’amincit dans les airs. L’autre est décapitée.
Sa tête fut, un soir, par le vent emportée ;
Mais un lierre, grimpé jusqu’au faîte abattu,
S’ébouriffe au-dessus comme une chevelure,
Tandis que, s’infiltrant dans le flanc de la tour,
L’eau du ciel, acharnée et creusant chaque jour,
L’entr’ouvrit jusqu’en bas d’une immense fêlure.
Un arbre, poussé là, grandit au creux des murs,
Laissant voir vaguement de vieux salons obscurs,
Chaque fenêtre est morne ainsi qu’un regard vide.
Tout ce lourd bâtiment caduc, noirci, fané,
Que la lézarde marque au front comme une ride,
Dont s’émiette le pied, de salpêtre miné,
Dont le toit montre au ciel ses tuiles ravagées,
A l’aspect désolé des choses négligées.
[…]