Le jardin des femmes de Mathiou

J’ai découvert que le jardin de Mathiou est une histoire de femmes.

Il apparaît que sa responsabilité  se transmet de belle-mère en belle-fille et  qu’au fil des générations, ces femmes trouvent dans cette occupation, une façon d’exprimer leur fort caractère.

Céline :

D’après mon oncle Albert, une fois la cheminée allumée et la soupe mise à mijoter, Céline sortait pour sarcler  le champ ou le jardin mais ne s’éloignait pas trop pour pouvoir alimenter le feu. Il écrit : « Ah ! Son jardin, il ne fallait pas y toucher, même pour bêcher ». Et d’énumérer les légumes qu’elle y cultivait : petits pois, ail, tomates et piments, toutes sortes d’herbes aromatiques. D’une année à l’autre, elle ramassait les semences, les faisait sécher et les conservait dans des boîtes. Elle faisait aussi les plants et en donnait aux voisins ou aux parents. Elle faisait pousser quelques fleurs, des zinnias dont elle gardait aussi les semences.

Marie :

Ma mémé Marie est morte en 1976, quand j’avais 10 ans. Je me souviens d’elle uniquement dans la maison mais j’ai beaucoup entendu parler de son opiniâtreté dans le jardin.

Côté maison, je garde en mémoire le tabouret sur lequel elle s’asseyait pour coiffer en chignon ses longs cheveux blancs, tirés en arrière. Je sais aussi qu’elle s’habillait toujours en noir.

Côté jardin, on m’a toujours dit que, même malade du cœur et sommée de se reposer, elle y poursuivait ses activités. Rien ni personne n’aurait pu l’empêcher d’y passer des heures.

Maïté :

Dans le jardin de ma mère, il y a assez de légumes pour nourrir un régiment. Quand elle plante des pommes de terre, c’est pour pouvoir en donner à la moitié du quartier d’Hardy et à toute la famille.

En ce qui concerne les fleurs, il serait trop long d’énumérer toutes celles qui y poussent. Son plus grand plaisir : inciter les gens à se marier au mois d’août pour pouvoir fleurir l’église. Son deuxième plus grand plaisir : préparer l’autel en plein air pour la messe de la fête à Hardy avec ses fleurs bleues et les arums de sa voisine Yvette ou de Claire et Alex. Un de ses livres de chevet : Je plante donc je suis d’Alain Baraton.

Son combat du moment : vaincre un visiteur nocturne qui dévore boutons de roses et cœurs de salades.

Je plains ce pauvre chevreuil !