Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mathiou
13 août 2012

Les souvenirs de Laurent Castelnau

Laurent Castelnau est une « figure » du quartier d’Hardy, à tel point que j’avais oublié qu’il n’y est pas né. Mettre par écrit ses souvenirs nuit à la qualité du témoignage, tellement il est plus intéressant de l’écouter parler, d’entendre son accent rocailleux inimitable, les expressions imagées qu’il emploie mêlées de patois et de questions posées à sa femme Madelon pour précisions ou confirmations de ses propos.

laurent résinier

 

Laurent est né en 1925. Il a 20 ans le 11 novembre 1945 quand sa famille, arrivée de Vielle Saint Girons,  vient s’installer à Mathiou. Il n’a presque pas assez de doigts pour énumérer  les membres de cette famille nombreuse. Il y avait ses parents, André, Laurent, Jeannot, Paul, Jacqueline et Claude. Henri était déjà marié et vivait avec Alice à côté de Catiou.

D’après lui, la maison était vide quand ils y ont déménagé. La famille Labeyrie est présente mais il n’a pas connu les Dubicq qui les ont précédés. Il ne se souvient pas de la date de départ de ses parents.

-          C’était comment la vie dans cette maison, Laurent ?

-          Bien.

-          Oui mais bien, comment ?

-          Bien comme dans une vieille maison.

-          Alors elle était déjà vieille ?

-          Si elle était vieille…

La conversation commence à s’animer quand j’évoque le puits. Là, je reçois un témoignage inédit de son utilisation chez les Castelnau. Selon Laurent, on tire l’eau d’une pompe, on la verse dans des cruches avec un petit « pichot » (il faut prononcer le « t » pour que le mot garde toute sa saveur) et on réserve le puits pour une fonction bien plus noble, celle de mettre à rafraichir quelques bonnes bouteilles. Il est même arrivé qu’on y oublie deux ou trois bouteilles de champagne le jour d’un baptême, à moins que ce ne soit d’une communion. Peu importe, les bouteilles ont été bues quand même le lendemain et c’était bon ! Ça y est, les yeux de Laurent pétillent et il finit par me dire qu’à Mathiou, il y a eu des mariages. Et non des moindres : le 17 avril 1950, Laurent et son frère Jeannot s’y sont mariés. Madelon confirme la date et précise que c’était un mercredi. Je demande pourquoi un mercredi. « -Parce qu’on s’est mariés à la mairie le mardi.» Tout simplement.

Tandis que Madelon part à la recherche de photos, Laurent poursuit en me disant que son frère Paul aussi s’y est marié, c’est le dernier qui s’est marié là mais il a oublié la date. Le 17 avril 1950 donc, il y avait de nombreux invités, le repas a été servi dans la pièce de la cheminée (« -Ah ça, elle était grande la cheminée ! »). Laurent et Madeleine sont ensuite allés vivre à Catiou.

Au bout de quelques minutes, Madelon revient avec ses trésors : la photo de groupe prise devant la façade est et la photo de couple prise côté nord, devant la porte. Quelle surprise de reconnaître à leurs pieds, la petite terrasse en forme de coquillage que ma marraine a exhumée ce mois de juillet dernier !

 

deux mariages à Mathiou

 

 

 

mariage laurent 3

Laurent me parle pour terminer d’une tonnelle qui se trouvait du côté de la mer. Il y avait des raisins. Jeanne Labeyrie venait en manger et elle avait mal au bras en les cueillant. Elle avait du rhumatisme et se soignait avec des orties. Et nous voici embarqués dans un cours de médecine. Laurent se lève et me tend une édition de 1951 intitulée : Le nouveau médecin des pauvres. Comme elle est très ancienne, je ne déchiffre pas le nom de l’auteur. 

«-On ne me croit pas quand je dis que les orties guérissent et pourtant c’est vrai. D’ailleurs, c’est écrit dans ce livre à la page 239 ». Sacré Laurent ! Bien entendu, il ne se trompe pas. Page 239, on peut lire : « On utilise l’ortie pour guérir les rhumatismes, les lumbagos et la sciatique. On doit frotter les endroits malades avec des orties. Le venin des orties guérit ces maladies »

J’ai passé un bon moment avec Laurent et suis sortie de chez lui en prenant de bonnes résolutions : refaire à Mathiou une tonnelle avec de la vigne,  côté ouest ET mettre des bouteilles au frais dans le puits mais sans les y oublier !

Prochaine étape : aller voir Jacqueline, la sœur de Laurent.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
J'aime l'Histoire qui s'alimente des petites histoires de la vie!!<br /> <br /> bienvenue sur la blogosphère<br /> <br /> bises & à bientôt<br /> <br /> Mat
Mathiou
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité