Le trésor de Mathiou
On avait coutume de croire, autrefois, à la campagne que les aïeux enterraient un trésor et que leurs descendants travaillaient ensuite la terre pour essayer de le retrouver. Je ne travaille pas la terre mais je creuse l’histoire et j’ai découvert le trésor!
Une scène devenue fréquente aujourd’hui s’est produite il y a une vingtaine d’années. Depuis le jardin, ma mère entend parler plusieurs personnes en vélo, arrêtées devant la maison vieille. Sa surprise est grande quand elle se rend compte qu’elles évoquent leurs souvenirs d’enfance dans cette maison.
Mathiou nous a ainsi permis de faire la connaissance de Monsieur et Madame André Labertit. Cette première rencontre marque le début d’une longue amitié. Aujourd’hui retraités de l’Education Nationale, ils ont tous deux exercé en tant que professeurs d’espagnol ; Monsieur Labertit, Doyen de Faculté à l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg, Madame Labertit donnant des cours à l’Université de Droit.
J’imagine avec délice les premiers échanges entre Monsieur Labertit et mon père et me demande lequel des deux causa à l’autre le plus grand étonnement. Est-ce Monsieur Labertit, éminent professeur, lorsqu’il raconta comment, enfant, il venait en vacances à Mathiou, chez ses grands-parents ? Ou est-ce mon père, fils de métayers, annonçant que sa fille était professeur d’espagnol ? Monsieur Labertit trouva une jolie formule pour établir un lien entre les deux faits : il aurait saupoudré dans la maison, durant son enfance, une pincée magique de passion pour l’espagnol qui m’aurait été inoculée. Je crois avoir découvert dans quelle pièce a eu lieu cette opération.
Féru d’histoire locale et menant un travail de recherche sur l’étymologie des noms (noms patronymiques, noms de lieux dits, de quartiers, de terres …), Monsieur Labertit est souvent venu interroger mon père qui se prêtait au jeu, amusé et heureux de pouvoir partager un savoir que l’on ne trouve pas dans les livres. Ces échanges se sont poursuivis y compris durant les derniers mois de vie de mon père, Monsieur et Madame Labertit comptant parmi ses plus fidèles visiteurs. Et jusqu’au bout, mon père se demandait avec bonheur comment une telle amitié avait pu être possible.
La réponse apparaît clairement aujourd’hui : elle émane du trésor de Mathiou !
La richesse inestimable de cette maison, le trésor qu’elle distille consiste à faire naitre des rencontres extraordinaires.
L’origine de Mathiou est limpide selon Monsieur Labertit. Mathiou est un nom de baptême gascon et non un diminutif, qui tire son origine du latin Mattheus, Mathieu. La première référence trouvée dans les archives départementales des Landes remonte à un acte notarié Duchon de 1703. Le cadastre fait état de deux fournières, de Mathiou la maison, du petit Mathiou. Le secteur cadastral tire son nom de Mathiou. La fournière était généralement une maison de brassiers, avec un four séparé de la maison et agrandi pour y loger une famille. La présence de deux fournières serait une marque de l’importance de la ferme à cette époque.
Soustons, cadastre de 1834
Afin de poursuivre ma recherche sur les occupants de Mathiou entre 1935 et 1954, je suis allée interroger Monsieur Labertit sur ses souvenirs. Avant de les raconter, il me reste à trouver une pièce du puzzle et non la moindre, les dates précises d’arrivée et de départ de ses grands-parents. Un seul indice pour l’instant, apporté par Margot de Bourguignon : venue s'installer à Hardy en 1945 lorsqu’elle s’est mariée, elle a entendu parler de la famille Dubicq mais celle-ci n’était plus à Mathiou.
Je continue donc à creuser…